Escale aux iles Caïmans
Les imprévus peuvent nous conduire à faire de véritables découvertes, ce fût le cas pour l’ile de Grand Caïmans.
Avant de poser le pied sur cette ile perdue au milieu de la mer des caraïbes, j’avais comme seuls mots pour définir cet archipel : paradis fiscal, société offshore, société écran, milliardaires et jets privés...
Mon champ sémantique restait bien maigre pour définir ce coin du monde et pourtant il aurait été bien triste de ne retenir que ceux-là.
C’était dimanche, le vent avait soufflé toute la nuit, pas besoin de la lumière des étoiles pour voir la trace, de toute façon elles étaient en grève, seuls les gros nuages noirs faisaient le guet accompagnés de leurs éclairs...
Nous arrivions de Cuba et un détour sur notre itinéraire initial s’imposait : une petite pièce tenant la tête de la grand-voile avait cassé ; on aurait bien pu continuer ainsi mais il restait encore 700 km en pleine mer et pour le moral de l’équipage une pause était la bienvenue.
« Hello, les garde-côtes, ici Zouk, nous sommes à 20 km de vos côtes, merci de nous indiquer la procédure à suivre ». Fabienne, dans son plus parfait anglais, échange avec les services concernés : Zouk s’accroche à l’une des grosses bouées du service des douanes... 11h nous sommes arrivés.
Ici, interdiction de mouiller avec son ancre, aucun bateau n’échappe à la règle, ni les gros cargos et paquebots en attente.
Première surprise ! Les fonds sont superbes, 14 m d’eau sous les coques et nous voyons le corail. Quelques poissons bleus passent nous dire bonjour, une tortue sort la tête de l’eau, on s’aperçoit vite que les fonds sont propres...
Nous restons accrochés à notre bouée toute la semaine. Le temps est détraqué, il pleut tous les jours et pas qu’un peu. J’arrive à chopper internet depuis le bateau, ça ne fonctionne pas bien mais nous arrivons à prendre la météo : pas beau au nord, nous avons bien fait de descendre plus au sud car sur la côte sud de Cuba ça souffle à 30/35 nœuds... Le premier cyclone de l’année est en train de se former entre le Mexique et Cuba : Andréas.
De toute façon, nous sommes bloqués par cette pièce que nous avons du mal à trouver.
Sous les conseils de jeunes américains qui comme nous sont venus se mettre à l’abri avant de reprendre leur route pour le Guatemala, nous profitons de quelques éclaircis pour faire connaissance avec les fonds autour de nous. C’est magnifique : de grosses patates de corail parsèment des fonds sablonneux. Des bouées sont à disposition des plongeurs. Nous découvrons tous les genres de poissons de corail, de belles raies et encore plus bas vers 6 m de profondeur, nous observons d’énormes tarpons et de beaux barracudas. Les tarpons sont en quelques sortes de grosses « ablettes » qui peuvent atteindre 2,50m pour 180kg !!
La pièce est enfin commandée, elle arrivera de Floride dans quelques jours. Pour ne pas trop s’ennuyer, j’en profite pour faire fonctionner un coup le groupe électrogène histoire de... Pas de bol, il fuit à grosses gouttes : c’est la pompe à eau qui montre des signes de faiblesse, pas de soucis, je verrai cela au Guatemala ; jetons un œil sur les batteries... « Tiens, c’est bizarre, il y a une batterie qui chauffe, elle chauffe même anormalement de plus en plus, ce n’est vraiment pas bon signe ! Il faut que je fasse quelque chose rapidement si je ne veux pas que ça pète et dans la cale moteur, j’imagine les dégâts. Bon, pas de problème, je déconnecte cette fichue batterie ; tiens, c’est bizarre le chargeur ne fonctionne pas non plus. Bon ça commence à faire beaucoup, il faut que je fasse intervenir un électricien nautique : 3 jours plus tard et 1400 € en moins sur le compte, nous avons un parc batteries tout neuf ».
Charger et décharger les batteries du bateau (4X 60kg) a demandé un peu d’organisation et surtout une place en marina. Nous avons donc bougé Zouk dans le lagon intérieur de l’ile et avons profité par la même occasion de faire un tour avec un autre bateau français dans un endroit étonnant.
Dans ce lagon de 8 km de diamètre environ pour 3 m de profondeur en moyenne, se trouve un banc de sable d’1 m de profondeur. Ici, vit un groupe d’une quinzaine de raies Pastenagues. Nous leur avons rendu visite en allant mouiller à proximité pendant deux jours.
Bien avant l’arrivée des bateaux à moteur sur le site, nous avons profité du calme des lieux pour nager avec elle.
Elles sont sauvages mais malheureusement nourries régulièrement par les guides des agences touristiques, elles viennent sans crainte nous frôler car intéressées par la nourriture...
Nous n’avons pas joué le jeu de les nourrir et le spectacle était tout aussi impressionnant, les plus grosses dépassaient les 2,50 m. Après les premières craintes dissipées, les enfants et les adultes se sont éclatés à nager avec elles.
La nature semble être assez bien préservée sur cette ile toute plate. Mais l’endroit reste un gros terrain de jeu pour très riche voyez ce joujou à 90 000 €, pour bourgeois en manque de sensation.
La vie sur ce bout de caillou reste très chère, les supermarchés sont très bien achalandés ; il y a même du pain « français » et du camembert, sauf que même s’il ressemble comme deux gouttes d’eau à notre bon vieux « clacoss » avec sa petite boite en bois, celui-ci n’a ni goût n’y consistance ! Quelle déception.
Nous avons quitté l’ile au lendemain de mon anniversaire pour une traversée de 900 km environ.
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